Interview de Raphaël Duquoc du compte jardinbiobzh
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Quel jardinier êtes-vous ?

Raphaël Duquoc, Jardin bio bzh, jardinier bio en permaculture

Raphaël Duquoc sévit sous le pseudo évocateur de jardinbiobzh sur les réseaux sociaux et pour cause : il habite à la pointe du Finistère en Bretagne, dans la baie de Douarnenez, à deux kilomètres de la mer. C’est là qu’il cultive son jardin potager de 100m2 avec lequel il produit une bonne partie des légumes qui nourrit à l’année sa famille et lui-même. Au départ, l’envie de manger des produits de bonne qualité, le goût pour la cuisine et la transformation de ses productions en recettes, mais aussi le temps calme que lui apporte le jardinage, pouvoir lier l’utile à l’agréable avec de belles récoltes. Depuis, Raphaël partage son expérience auprès de ses 155K abonnés sur Instagram et dans un livre richement illustré paru chez Solar, Mes premiers carrés potagers. On ne pouvait pas mieux tomber…

GARDENA – Quel est ton geste de jardinage durable ? 


Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - Je n’utilise aucun pesticide. J'essaye de tourner en circuit fermé dans mon jardin potager. Donc tous mes déchets végétaux, de cuisine ou autre partent au compost. Le compost après part au jardin. Les tontes de pelouse sont réutilisées dans le jardin, en paillage. J'ai des poules, donc c'est pareil, le fumier est réutilisé dans le jardin. Quand je taille mes haies ou quand je coupe les branches d'arbres ou autres dans le jardin, je les passe au broyeur et ce qui est broyé est réutilisé dans le jardin aussi. Ce qui fait que je n’envoie rien du tout à la déchèterie. Tous les déchets verts de la maison sont réutilisés dans le jardin.

le carré potager ou les planches de culture évitent de tasser la terre

GARDENA - As-tu un outil de jardinage préféré ? 

 

Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - J'utilise assez peu d'outil parce qu’avec tous les apports et aménagements que j'ai fait dans le jardin, mon sol est devenu assez meuble pour le travail uniquement à la main. J'ai fait en sorte de faire des planches de culture ou des carrés potagers, ce qui fait que ça évite de tasser le sol. Sinon, il m'arrive de passer la grelinette au printemps pour aérer le sol, ou simplement un transplantoir ou un plantoir pour planter mes plants, mais ça reste limité en outillage quand même.

GARDENA - Tu habites en Bretagne, il y a des spécificités ou des contraintes liées au climat dans ton jardin ? 


Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - Nous en Bretagne, on a, contrairement à ce qu'on pourrait penser, un climat plutôt favorable au potager. D'autant plus que sur un bord de mer, on a rarement de gelées. Ce qui permet de pouvoir cultiver sur une grande partie de l'année beaucoup de légumes. Mais on a un inconvénient par rapport aux légumes d'été comme les aubergines et les tomates. Ça peut arriver qu’il pleuve en Bretagne en été ou qu'il ne fasse pas très chaud. Du coup j'ai une serre pour ce type de légumes, ce qui permet d'assurer quand même de belles récoltes de tomates, là où, en les faisant en extérieur, ça reste plus aléatoire. J'arrive à cultiver de tout, de la patate douce, des épinards, des tomates, poivrons, aubergines.

des légumes toute l’année avec la serre

GARDENA - Y a t-il un outil de jardinage qui n’existe pas et que tu aimerais inventer pour ton jardin ? 


Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - Un mini semoir. Ça existe pour l'agriculture, et même pour les maraîchers. Un semoir qui met la bonne graine tous les bons centimètres, avec le bon espacement et pour éviter de semer trop de graines. Parce que quand on sème, même avec les petits semoirs à main, ce n’est pas précis. Par exemple, si tu veux semer une ligne de radis sur un mètre, que ça te fasse le bon écartement de tes graines. Je crois que ça n’existe pas.

GARDENA - Quel serait ton jardin de rêve ?


Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - Il y aurait une partie forêt verger avec des arbres pour le côté nature et sauvage, donc une partie boisée. Et une partie serait dédiée aux fruitiers, en mélangeant différentes essences, des petits comme les framboisiers et des grands. Une autre partie consacrée au potager, plutôt en pleine terre où on aurait des légumes avec des cultures longues. Une partie serre, avec une belle serre en verre, ça serait l'idéal, dedans des tomates, des aubergines et autres. Un coin avec une marre ou un point d'eau parce que cela favorise la biodiversité et le développement d'un écosystème stable. Et puis une partie proche de la maison avec des carrés potagers, c'est esthétique, des arches pour apporter un peu de volume en hauteur. Et avoir des fleurs un peu partout, pour attirer les insectes pollinisateurs et aussi parce que c'est plus agréable de se balader dans un jardin fleuri, et enfin d’autres zones avec des tas de pierres. Voilà, ce serait un jardin avec des zones assez diversifiées.

Différentes zones de cultures et de fleurs pour favoriser la biodiversité

© Photos Raphaël Duquoc @jardinbiobzh

GARDENA - As-tu un ou plusieurs conseils du jardinage incontournables pour quelqu'un qui commence ? 


Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - Ce que je conseille franchement au départ, c’est de ne pas voir trop grand, de commencer avec une petite surface pour ne pas être débordé. J'ai commencé par un petit carré potager que j'ai agrandi au fil des années, pour atteindre il y a trois, quatre ans, les 100m2. Là, j'ai atteint la surface maximale disponible, donc je n’augmente plus parce que je suis limité, mais aussi parce que cette surface me convient très bien, entre le temps à y consacrer et les récoltes qui sont suffisantes. Donc ne pas se lancer dès la première année dans un potager de 100 ou 200m2, parce que ça va être vraiment compliqué. Une surface de 10 à 15m2 pour faire des cultures assez faciles, surtout celles que l’on aime et que l’on aime manger, c’est bien. Parfois, on voudrait tout tester pour avoir un peu de tout, mais c'est mieux de commencer par quelques variétés, par quelques pieds. Et puis, je conseille de ne pas semer trop dense. Par exemple, une courgette au début, on n’a que la graine, alors cela nous paraît tout petit, mais ensuite le plant a besoin d'un volume d'à peu près 1m2 pour s’épanouir, donc c’est déjà une belle surface. Si on sème des légumes trop proches, ils vont avoir du mal à se développer.

faire des tisanes avec la bourrache ou les capucines

© Photos Raphaël Duquoc @jardinbiobzh

GARDENA - Tu cuisines tes légumes, c’était l’objectif de faire ce potager ?

 

Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - Oui la finalité du potager pour moi, c'était la cuisine. Ma passion vient de l’envie de manger des produits de qualité et de savoir comment ils ont été cultivés. Parce que, quand on achète nos légumes, on ne sait pas forcément d'où ils viennent, et s'ils ont eu des traitements ou non. J'arrive à produire une bonne partie des légumes que l’on mange à quatre à l'année. J’aime récolter mes légumes une heure avant de les manger, ils sont tout frais et gardent toutes leurs propriétés. Et en cas de grosses récoltes, je les congèle ou je fais des bocaux. Toute la sauce tomate que nous consommons à l'année, ce sont les bocaux que je fais en été avec le surplus de récolte. Et puis il y a les fleurs dont on a tendance à sous-estimer l'apport dans la cuisine, alors que beaucoup sont comestibles. On fait une grande partie de nos tisanes avec les fleurs de notre jardin comme la bourrache ou les capucines. On agrémente nos plats avec, elles apportent une note de couleur et un petit goût en plus dans les salades.

les courgettes jaunes sont meilleures à récolter quand elles sont petites

© Photos Raphaël Duquoc @jardinbiobzh

GARDENA - As-tu une variété préférée au potager ou une variété de légumes originale que tu aurais testée ?

 

Raphaël Duquoc @jardinbiobzh - J'aime bien les courgettes jaunes, à récolter pas trop grandes, quand elles font 20 à 25 centimètres, c'est là que je trouve qu'elles sont les meilleures. Dans les tomates, il y a beaucoup de variétés, mais les tomates ananas sont particulièrement sympas. Les épinards au printemps, je trouve aussi que c'est extra à faire. En plus, il y a toutes les recettes qui vont avec : les quiches, les lasagnes ou simplement les épinards à la crème, ou crus en salade. Côté variétés originales, j’ai testé le Kiwano. C'est une courge qui se mange comme un fruit. C'est assez particulier au niveau du goût, on aime ou on n’aime pas. J’ai aussi testé le concombre à confire. Cela ressemble à une petite pastèque mais avec le goût du concombre et la taille d'une tomate cerise ! On peut le manger à l’apéritif ou en salade, et c'est très sympa à faire. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Le potager est accessible à tout le monde, on n’a pas besoin d’être expert. C'est un savoir assez facile à acquérir si on n’a pas peur de rater. Ce n’est pas grave, on recommence, on ne doit pas s’arrêter à un échec, il y a tellement de choses à essayer. Et au final, lorsqu’on fait nos récoltes, même si elles sont petites, il y a la satisfaction d'avoir fait pousser nos légumes, et ça c'est génial !

Sur Instagram, Raphaël partage son expérience avec des astuces simples et pédagogiques.

Ses derniers ouvrages à lire : 

  • Mes premiers carrés potagers, éditions Solar, 2024.

  • Créer une mare dans mon jardin, collection J’agis pour la biodiversité, éditions 

Rustica 2023.