Des beaux rosiers faciles et résistants
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Bien choisir et planter son rosier

Brigitte Lapouge-Déjean, jardinière paysagiste, journaliste et auteur jardin

Le rosier est la plante star des jardins. On l’apprécie pour ses nombreuses fleurs colorées et parfumées. Et apprendre à les connaître, c’est savoir que les rosiers sont bien plus résistants qu’il n’y parait. Cela commence par bien choisir son rosier selon des critères de résistance et d’usage, et par le planter avec soin dans un emplacement bien choisi. C’est ce que nous explique Brigitte-Lapouge Déjean, co-autrice du livre pratique Mes beaux rosiers faciles et résistants édité aux éditions Terre Vivante.

GARDENA - Est-ce qu'il existe une technique infaillible pour bien choisir son rosier ?

 

Brigitte Lapouge-Déjean - Alors je dirai de ne pas le choisir uniquement avec le cœur ! Les rosiers coup de cœur, ce n'est pas toujours une bonne idée. Avant d’acheter, il faut réfléchir au type de rosier que l’on veut et pour cela, j’invite les gens à parcourir les parcs et jardins, à se rendre dans les roseraies et chez les pépiniéristes. C’est un bon moyen d’éveiller sa curiosité et d’affiner son goût.

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Choisir son rosier en connaissance de cause, c’est là justement que le coup de cœur arrive car c’est LA vraie rencontre ! Il faut aussi connaître le sol de son jardin, parce que les rosiers aiment les sols riches, avec de la consistance et bien pourvus en nutriments. Donc si on a un sol caillouteux, rocheux ou sableux, on s'oriente sur un rosier botanique plutôt que sur un rosier classique qui ne marchera qu’un ou deux ans avant de s’épuiser. On choisit aussi son rosier en fonction de l'exposition. Certains rosiers se plaisent au soleil, mais c’est de moins en moins le cas. Avec le réchauffement climatique et les canicules, ils préfèrent aujourd’hui l'ombre ou la mi-ombre. Si on a un rosier en plein soleil, il faut penser à l’abriter du soleil dominant sud, sud-ouest notamment. Car la fin d'après-midi peut brûler les fleurs colorées, rouges, rouges foncés de certains rosiers comme les fameux rouges velours. À mon sens, la meilleure exposition est l’Est, et ce partout en France avec la généralisation des fortes chaleurs jusqu’au nord. Enfin, comme il y a plusieurs familles de rosiers, chacune avec ses qualités, on va choisir son rosier en fonction de l’emplacement dont on dispose pour lui. Les rosiers botaniques sont une famille spéciale car ils n’ont pas été travaillés, ils sont tels que la nature les a faits. Il y a les rosiers buissons, les rosiers arbustifs, les rosiers grimpants et les rosiers lianes. Dans les rosiers paysagers, on a les couvre-sols, assez bas et parfaits pour couvrir un talus parce qu’ils vont stabiliser le sol. Si on achète un rosier grimpant et qu’on a un petit jardin, il n’y aura sans doute pour lui qu’un seul emplacement possible, donc il faut bien y réfléchir.

Le petit feuillage luisant du rosier, un bon indice de choix

On sait qu’avec un petit feuillage luisant, un rosier va être plus résistant à la sécheresse et aux maladies. On retrouve cette caractéristique dans les rosiers paysagers, à formes compactes dont le petit feuillage coriace va se protéger naturellement. Un rosier à feuilles molles et qui s’étalent est plus sujet aux coups de soleil, il va beaucoup évaporer par ses feuilles et avoir besoin de plus d’eau. De plus, les feuillages un peu mous sont plus sensibles aux maladies cryptogamiques.

 

GARDENA - Faut-il choisir un rosier en racines nues ou en conteneur ?


Brigitte Lapouge-Déjean - L'idéal, c’est le rosier en racines nues. On aura une période de plantation plus restreinte, de novembre à fin mars-début avril selon les années, mais contrairement à ce qu'on peut penser, un rosier en racines nues prend bien mieux et beaucoup plus vite qu’un rosier en conteneur. Parce qu’il aura été cultivé en pépinière de pleine terre et qu’il sera allé forer pour s'installer et développer un système racinaire puissant. Chez vous, il va tout de suite descendre chercher l'eau et s'ancrer dans le sol. C'est donc un rosier qu'on est sûr de planter pour longtemps. En conteneur, c'est une autre problématique, il en existe deux types qu’il faut différencier. Il y a les rosiers qui sont passés par la pleine terre et que les producteurs ou pépiniéristes installent en conteneurs pour prolonger la période de plantation. Ils utilisent alors un substrat contenant la terre d’origine, différents terreaux et composts pour nourrir le rosier. On va le planter comme un rosier en racines nues, en veillant à ce qu'il y ait 10 à 15cm de terre décompactée de chaque côté du conteneur pour que les racines se développent avec aise. Et il y a dans la grande distribution, des rosiers en pots, remplis de tourbes ou d’un substrat neutre. Et là, on n'a pas affaire à un rosier qui a été travaillé ni arrosé. Il n’a pas pu développer ses racines et prospérer. On n’aura donc pas un bénéfice extraordinaire, il vaut mieux éviter. Dans tous les cas, c'est bien d'aller acheter auprès d'un pépiniériste ou d'un rosiériste, car contrairement à ce qu’on pense, ça revient moins cher.

Arroser le rosier à la plantation avec un demi à un arrosoir d’eau

GARDENA – Comment bien planter un rosier ? Et avant la plantation, il peut y avoir la mise en jauge, de quoi s’agit-il ?

 

Brigitte Lapouge-Déjean - La mise en jauge, c’est mettre un rosier en attente. On peut commander un rosier au mois de novembre pour le planter quelques mois plus tard. Dans le jardin, n’importe où sauf en plein soleil. On creuse une petite tranchée et on plante son rosier dans un mélange de terre et de sable, avec un peu de paille au niveau du collet pour qu’il ne prenne pas un coup de gel. Cela permet de maintenir les racines au frais et de le mettre dans les conditions de votre jardin, en pleine terre, avec une humidité constante et bien régulée. Il peut rester ainsi plusieurs mois. Alors on l’arrache, on secoue le sable et on passe à la plantation définitive. Attention, on plante toujours en période de repos végétatif du rosier. On creuse un trou de la hauteur des racines qui peuvent atteindre 40cm chez un rosier de pépiniériste. On retaille simplement l'extrémité des racines pour les rafraîchir avec un bon sécateur, très bien aiguisé. Le rosier a besoin de largeur. On laisse donc l’équivalent d’une main posée à plat de chaque côté des racines. On rebouche le trou avec la terre d’origine, à laquelle on ajoute 20 % de compost et un peu de terreau de plantation. Avec les doigts et sans tasser, on aide ce mélange de terre et de compost à s'infiltrer près des racines. On rebouche au niveau du point de greffe, c’est la limite de plantation d’un rosier, de manière à ce qu’il soit au ras du sol, au niveau du paillage. Si on enterre le point de greffe, cela peut favoriser les drageons ou gourmands et faire repartir le point de greffe. Ensuite, on modèle une petite cuvette et on arrose avec un demi à un arrosoir d'eau selon la saison. On rajoute au besoin un peu de terre et de substrat pour finir le rebouchage.

On paille avec un mélange de broyat, ou des feuilles mortes qui marchent très bien pour les rosiers. On ne laisse jamais la terre à nue après la plantation. Et on ne le taille surtout pas à rasibus comme c’est noté parfois, pour l'aider à repartir ou passer l’hiver, on le laisse tranquille. On retaillera au printemps au niveau des yeux les plus forts. S’il y a des bourgeons qui ne repartent pas ou qui ont séché, ce n’est pas grave. Un rosier bien choisi, implanté au bon endroit et qu’on entretient avec des apports réguliers de compost n’est pas plus fragile qu’un arbuste.

Mes beaux rosiers faciles et résistants - Choisir, planter, soigner, tailler de Brigitte-Lapouge Déjean et Serge Lapouge, éditions Terre Vivante, coll. Facile & bio, 1er Mars 2024.

Un ouvrage pratique et complet pour choisir son rosier parmi les milliers de variétés existantes selon des critères de résistance et d’usage, le planter, le tailler, l’entretenir et le marier à d’autres fleurs