Le croquis de jardin n°2 nous plonge dans la sérénité d’un jardin zen. Issue d’une tradition japonaise ancestrale, le jardin zen est à la fois une esthétique et une philosophie et sa réalisation exige une grande rigueur pour parvenir à restituer harmonie et sérénité. C’est sans compter sur Caroline Bourigault, de L’atelier au fond du jardin, paysagiste, qui nous guide à travers ses croquis : taille en nuage ou « Niwaki », présence des éléments eau, minéral et végétal, principe d’aménagement paysager dissymétrique, liste des végétaux et arbustes indispensables à un jardin zen, voilà de quoi vous inspirer, et pourquoi pas vous lancer !
Le jardin zen reproduit un paysage avec ses montagnes, vallées, lacs, rivières et forêts, à plus petite échelle. C’est l’expression même de la nature maitrisée et sublimée par l’homme, en format miniature. Tout est affaire d'équilibre pour inviter à la sérénité et à la contemplation.
Esthétique et philosophie du jardin zen
Portée au rang d'art majeur par les Japonais dès le XIIème siècle*, la conception d’un jardin zen vise à suggérer dans un espace réduit la nature toute entière. Le jardin zen reproduit un paysage en miniature, avec ses différents reliefs, montagnes, vallées et forêts, ses éléments eau, comme les lacs, rivières et étangs, et ses éléments minéraux tels que sable, roches et gravillons. C’est l’expression même de la nature, maitrisée et sublimée par l’homme dans une grande rigueur. Dans un objectif : le jardin zen doit être équilibre, son esthétisme invite à la contemplation et à la sérénité.
Les grands principes du jardin zen
Le jardin zen obéit à une esthétique très rigoureuse afin de sublimer ce que fait la nature. Sa conception prend en compte des types de végétaux, une conception paysagère et une taille des arbres et arbustes spécifiques pour permettre la contemplation et aboutir à l’harmonie.
Les compositions du jardin zen sont dissymétriques. Il n’y a, par exemple, pas de chemins parallèles ou droits, les végétaux sont buissonnants pour procurer une impression de douceur et de rondeur.
Les végétaux, arbres et arbustes sont taillés notamment en cépée pour obtenir plusieurs troncs à la base, entre 3 et 5, comme les Érables du Japon. Ils présentent ainsi une architecture plus souple et naturelle que les arbres tiges.
Le jardin zen est planté de végétaux persistants pour le plus grand nombre, comme les conifères et les bambous. Les grands arbres sont présents pour faire le lien entre la terre et le ciel et reproduisent ainsi une forêt.
Les compositions végétales et minérales sont impaires, car l’équilibre dans un jardin zen se traduit par les chiffres impairs, le plus souvent par 3. C’est le cas pour les roches par exemple, dont le positionnement est très particulier et fonctionne en trio.
Le jardin zen s’habille de mousse et de végétaux très ras, il affiche des nuances de verts, avec peu de fleurs. Lorsqu’il y en a, en général il s’agit d’azalées qui sont densifiées, comme elles sont très taillées, elles sont peu florifères.
Minéral et eau sont indispensables dans un jardin zen comme métaphores du paysage : Roches, gravillons, sable, mare, étang ou tsukubai, le bassin traditionnel japonais que l’on trouve dans les maisons de thé pour se purifier avant la cérémonie du thé.
L’art topiaire japonais ou la taille en nuage : le « Niwaki »
Le principe du « Niwaki » est de nettoyer la charpente du végétal pour ne laisser du feuillage ou des épines qu’en bout de branche et créer des « nuages ». Il s’applique à des végétaux persistants tels que le Cyprès, l’If, le Genévrier, ou le Buis. Les arbustes sont à tailler régulièrement pour conserver le port et la netteté des « nuages ». Les jeunes branches peuvent être « haubanées » pour guider le végétal vers la forme souhaitée. C’est-à-dire que les branches jeunes, qui sont souples car non lignifiées, sont attachées par des câbles pour les faire retomber et conserver cette forme.
L’érable japonais ou Acer palmatum « Sango Kaku », star du jardin zen
L’érable japonais ou Acer palmatum « Sango Kaku » est un arbuste caduc, au feuillage rougeoyant à l’automne. Le « Sango Kaku » a des tiges rouges qui restent très graphiques en hiver. Sa forme est érigée et il peut atteindre 6 mètres de hauteur une fois adulte. L’exposition préférée de cet érable est à mi-ombre de préférence et un apport de terre de bruyère est conseillée à sa plantation. Côté entretien, cet Acer est peu exigeant puisqu’il suffit de tailler les branches mortes ou celles qui se touchent.
Le Magnolia de Soulange, les fleurs du jardin zen
Le Magnolia de Soulange ou Magnolia Soulangeana est l’unique arbre à fleurs avec le cerisier japonais autorisé dans un jardin zen ! C’est un Magnolia très répandu, caduque et rustique. Sa floraison est printanière avant l’apparition du feuillage. Celle-ci est assez courte mais compensée par ses spectaculaires fleurs blanches, roses ou pourpres. De forme étalée, il peut atteindre 5 à 6 mètres de hauteur. Il est peu exigeant puisqu’il tolère tous types de sols, même humides, à l’exception d’un sol calcaire, avec un apport de terre de bruyère. Son exposition idéale se fait à mi-ombre, et à l’abri du vent. Il peut être taillé, si nécessaire après la floraison pour le former, à l'aide du coupe-branches HighCut de GARDENA,
8 végétaux et arbustes indispensables dans un jardin zen
- Azalée (Azalea japonica) : un végétal de terre de bruyère.
- Pin de montagne nain (Pinus mugho Ophir) : avec son beau feuillage doré, il ressort dans les massifs et est moins terne que les autres conifères.
- Arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba) : décoratif par sa feuille, il offre un feuillage doré spectaculaire à l’automne.
- Helxine (Soleirolia soleirolii) : un végétal couvre-sol qui forme un tapis de petites feuilles lenticulaires.
- Herbe du Japon (Hakonechloa macra aureola) : À l’ombre, son feuillage chevelu retombant habille les pieds des arbustes.
- Bambou non traçant (Fargesia nitida « Red Dragon ») : les cannes de ce bambou sont rouges, d’où son nom.
- Le Cerisier japonais (Prunus serrulata « Kanzan ») : son feuillage vert devient rougeoyant à l’automne, et surtout, sa floraison est spectaculaire.
- Ophiopogon noir (Ophiopogon planiscapus Nigrescens) : une petite graminée noire, rare, à mettre en valeur dans un jardin japonais.
Caroline Bourigault est paysagiste depuis 13 ans, suite à une reconversion professionnelle. Passée de l’ébénisterie à la menuiserie puis à l’aménagement paysager, elle conçoit des jardins, de l’agencement des espaces extérieurs jusqu’au choix des plantes, et est sans cesse à la recherche de nouveaux végétaux et matériaux.
*Les leçons du jardin zen, espace et illusions d’Erik Borja et Paul Maurer, Éditions du Chêne, 2004.
À visiter : Le jardin zen d’Erik Borja, 26600 Beaumont-Monteux